vendredi 27 novembre 2009

LES MANTRAS DE MYRIAM L.




Posée à la lisière
loin des mots ciments
la libelulle, épargnée, libère son secret.
M.L.


imbu d'insignifiance
cheminer sur les froides réalités
et les brouhahas nombreux

éventés les parfums
arrachées les paupières
et les oeillères
ô ces chères oeillères
si douloureusement absentes, arrachées

oeillères
paupières
revenez donc ceindre les perspectives et les ombres croisées du pauvre hère ainsi dépourvu

que sur ce front consenti
soit posée la marque
la brûlure du troupeau

qu'une sotte amnésie survienne
et rappelle les dieux au grand galop

M.L.



Quand Myriam Laffont ouvre le ban, elle le fait avec panache. Avec largesse mais surtout avec exigence. Ceux qui la connaissent de proche ou de loin connaissent ou devinent sa passion pour les signes, scripturaires ou iconographiques, dans leur multitude comme dans leur singularité. En fait, c’est une longue passion ouverte qui s’amorce dès la prime enfance par une collision lunaire avec la typographie. Le lieu et l’espace où se noue se tresse et se fixe en bout d’effervescence la haute poésie. Le haut langage. Mer de tous les tangages. Vertiges. On peint, on écrit et puis les brassées de mots, les saccades du crayon conduisent à l’évidence d’un destin. C’est aussi ce que nommait Eluard l’évidence poétique. Mais la hauteur chez Myriam ne signifie en aucun cas qu’elle se fourvoie avec la grandiloquence (c’est plutôt votre serviteur qui y cède dans ce que Myriam intitule un bla-bla). Elle aime au contraire traquer la fragilité, les ambigüités, les fugacités, les détails tant dans les paysages naturels que humains. Un insecte, une vieille dame, un reflet de la Garonne, une voisine de compartiment dans le métro, toutes les postures fugaces, éphémères observées derrière une apparente inattention, participe lentement à une mise au net du réel. Maussade ou cruelle. Sans concession aux usages.

Mais la personne qui écrit blesse par là même où elle fait œuvre de compassion. Dans ses fictions , ses nouvelles , ses chroniques, et ses poésies ( remarquez cette « vieillerie » chez une auteure plutôt tournée vers l’avant-garde) -auxquelles elle met un signe d’égalité avec les mantras-, résonne l’accent de la déconvenue pour ne pas dire de la désespérance. Écrire est cependant par moment un exercice périlleux – si sensible- de possibles fulgurances de l’espoir. Un espoir bien charnel, qui décline son désir en mots courants, si banalement humains.


Car Myriam tient en grande suspicion les prédictions comme les grilles d’explication fonctionnelles. Elle en mesure leur inanité avec cette intuition, peut-être toute féminine, ou tout simplement poétique dans l’indistinction des genres, du sexe qu’elle évoque sans fard.
Myriam préfère dans une noble (oh ! l’emphase) solitude coudre à main nue les étoffes disparates de ses mémoires ténues et de ses découvertes inattendues. Elle en taille une belle et transparente toge de stoïcisme. Entre la personne et l’auteure, on ne perd alors rien au change. C’est le même cœur –incandescence, en une impeccable jeunesse métaphorique- qui nous offre ses mantras. Et son savoir des plantes et des herbes. Chairs multiples de la terre.
Oui, le ban est ouvert. Lecteurs, ne soyez pas en retard.
Myriam peut être déjà ailleurs.
Myriam L. va vite. Comme un poème en forme de nuage, un fruit mûri se délivrant de son arbre devenu entrave à ses futurs avatars. Le temps roule, roule…
A.K.
Cugnaux, le 4 février 2009

CINQ D'UN COUP:

La tectonique des langues
(fragments d'un discours amoureux corrompu/photos)

Ni son père aux yeux bleus, ni sa mère aux yeux verts
(nouvelles)

Et si, couper ce qui dépasse
(poésies/mantras/photos)

Attitude XL
(poésies/mantras)

Les chroniques de MamzelleLuna
(chroniques/photos)



et puis aussi, les nouveautés sur son site, en ligne
www.myriam-laffont.fr/sans oublier les petits cailloux semés sur www.poetiquemaisencore

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