vendredi 14 mars 2008

D'UN POETE


Une poésie solide et belle
Par Michel COSEM








Les vrais poètes sont ceux qui savent parler à l’humanité toute entière avec des mots qui leur appartiennent et dont ils savent cultiver la saveur et l’originalité. Abdelmadjid Kaouah est de ceux-là et lorsqu’il parle de son expérience vécue il sait le faire avec retenue et intelligence ce qui en augmente la portée et le témoignage.
Dans « La Maison Livide » (1) il livre son expérience de cette façon simple et cela est bouleversant.
Il y a chez Abdelmadjid Kaouah un grand amour de la langue, une connaissance parfaite de l’écriture et de l’histoire de la poésie, ce qui fait de lui un poète francophone à part entière. Il est bien le compagnon de toute la poésie et non de tel ou tel poète. Ce que j’aime aussi beaucoup chez lui c’est son respect de la langue française, et cela est une source pour le lecteur de vraies découvertes et de vrai plaisir.
Je ne puis m’empêcher de penser à une réflexion d’un penseur occitan –Félix Castan – pour qui la langue du colonisateur devient un bien si précieux, pour le colonisé, non pour prendre sa revanche mais pour le dépasser. (2)
Le combat poétique apparaît ici dans sa totale évidence.
L’autre versant de Abdelmadjid Kaouah est son militantisme pour la poésie d’expression française. Son bel ouvrage « Poésie algérienne francophone contemporaine » (3) est un modèle du genre.
Ami de nombreux poètes, il a côtoyé ce qui se fait de mieux en ce domaine et contribue au renom et à l’écho des lettres françaises. Il écrit en particulier dans son étude préliminaire : « La poésie, loin d’être un exercice solitaire, doit participer aux affaires de la cité, à la transformation de la réalité et la construction d’un nouvel ordre social », ce qui est vrai pour tous les temps et tous les pays.
Ce qui plait aussi chez Abdelmadjid Kaouah c’est qu’il procède avec une bonhomie tranquille, un bon sens à toute épreuve, donnant à sa poésie solidité et beauté tout à la fois.




J’aime terminer cette courte présentation par un extrait de « Par quelle main retenir le vent » (4) :

J’ai désiré les mots
A l’image de mes amitiés
Et des soirs bavards
Qui aide les hommes
A comprendre les oiseaux
La sève des arbres
J’ai creusé les mots
Dans l’alphabet de la neige
Afin qu’ils ne soient pas définitifs

On être saurait être plus modeste et plus juste.








Michel Cosem



___________________
(1) Encres Vives, 1995
(2) Autre Temps, 2004
(3) L’écrivain, Kateb Yacine, Grand Prix Francophone de l’Académie Française, qualifiait la langue française de « butin de guerre » des Algériens.
(4) Noir & blanc, 2000.

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