vendredi 14 mars 2008

PRELUDE MARIN

Prélude marin

Sur une suite de tableaux de Ali Silem des années 80






Ici l’eau a une fois pour toutes résolu le vieux dilemme : entre l’écume et les galets une subtile connivence règne.
Sereine la main accoste, libère ses exigences. Et les saisons succèdent aux saisons
Au rythme des peines nocturnes.
Le vent ameute les vivants. La main déliée commande le corps à corps.
La main libère les rumeurs
Bat le rappel des cycles élémentaires :
Le vent ameute les vivants sous leur délicate apparence de fruits.
Corps éclatés à la crête du regard ils imposent leurs devoirs et leurs servitudes antérieurs.
Leur destin n’aura été qu’une longue patience épicée par un mystère de conciliations.

La main délibère et ordonne les obsessions après l’envoûtement :
Voici la murène alif violent qui procède de la passion contrariée – ambiguïté hermaphrodite -
Mène ses amours comme ses masques jusqu’aux confins de la cruauté.

Qui habite le silence et commerce avec les constellations déchues, les navires du maléfice ?
Voici la raie la tortueuse envie des naufrageurs. Elle prend amant à sa convenance et marque ses victimes de ses couleurs visqueuses.Il est vain de résister à ses avances : à la première giration, les dés sont jetés et la démence installe ses motifs sur toute l’étendue des rivages.
Voici l’oursin écrin sauvage de la durée marine qui darde ses rayons dans l’opacité et l’adversité latente : dur au toucher il délimite de la vigueur de ses compagnons de circonstances.
Les autres – à l’état de fœtus – assouplissent leur animalité. Fauves baroques ils prolifèrent au large jusqu’à l’extrême limite de la force de leurs nageoires.Ils voueront au alif un amour fatidique : de rocher en rocher ils inscriront l’empreinte de leur encombrante fascination.


La main imite et suscite
Les signes profus du sommeil aquatique.La paresse redéploie faisceaux et encres habiles : l’onde est venue de loin – d’un pays fragile où s’épanouissent l’intuition et les incursions versatiles.
La distance des visages n’est pas la séparation des corps. Les roseaux attestent de la pudeur des accouplements. L’écume redoute le baiser.





La blessure n’en sera que plus vraie - à mesure que la brume lèvera au large de la toile distendue, de toute la force d’une idée éperdue en sa mémoire : sombres croissants de l’héritage dilapidé

dans les dédales du blasphème.De quelle façon affronter les diversions de cet hiver qui veut installer ses quartiers à la meilleure place du festin ?

La dévide et prolonge les angoisses et les frayeurs : au détour d’une esquisse le soleil rugit et s’esquive comme une bête blessée dans un tourbillon de détresses.
La main décide alors de battre en retraite.

L’eau aurait-elle en vain pactisé avec les étoiles ?De proche en proche la main faite proie s’expose au venin.L’écume redoute le baiser

Voici les lucioles : elles mettent le feu à portée de a main.A mesure que les vivants – nos semblables – regagnent par étapes leurs humaines demeures.





Corps promis à la corruption
des écritures malignes
Chair suspendue au mât de misaine
Navire à l’encan et naufrage suprême
Le soleil s’ouvre les veines
par-dessus le jasmin dément





Abdelmadjid Kaouah

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