vendredi 14 mars 2008

ODE A KATEB YACINE

Ode à Kateb Yacine


Ya kateb aktoub el mektoub
le reste n’et que sang nécessaire
pour survivre à la blessure d’idéal
et se conformer à la mystique de l’électron

chasseur de primes essentielles
rassasié de télégrammes apocryphes
tu connus le pouvoir des étangs

et de ce jour
voué aux luttes du Vautour
tu suicides ta chair
dans le remous des psaumes

le père eut beau réciter les versets
pour conjurer la possession
la mère rassembler les amulettes
la malin jaillissait sans cesse de toutes parts
en désespoir de cause
on fit venir les tolbas
ils essayèrent la calligraphie
et les signes humides


là-bas dans les étreintes des palmiers
le temps t’apprêtait ses apostrophes


toute une horde de psychiatres
accourut faire la cour
aux éclipses du désespoir
et quand on enterra de nuit Mozart
le Congo mobilisait ses cascades de crachats
le mot d’ordre s’élança de l’erg
aux frontières des éventails fatals




tu seras Veuf
prophétisait par intermittence
le Vautour


d’étranges courants écaillaient
le sommeil de la terre
tes frères transis
se bousculaient au foyer de
ta Bouche

l’Insecte inclinait
son ordre
et son venin

dans ta demeure de terre battue
le Vautour promenait
ses cohortes de feux-follets
se moquaient des tes kalems calcinés

les psychiatres décidèrent
pour consacrer ta folie
l’érection de Notre-Dame-d’Afrique

te voici à présent
dans un grand hôpital verdâtre
prenant ta revanche sur le Vautour
à présent vieilli cramoisi
traînant la patte dans un
long pyjama d’ennui
quémandant sa ration de mépris


quand les premiers hommes
tombèrent les murènes
s’ouvrirent les veines
le sang gicla jusqu’aux juke-boxes
éclaboussa l’Opéra empaillée
et sema la panique dans Paris







la nuit est à celui
qui sait se mouvoir
comme cette femme virile
qui distribue le sel
et l’alarme au grand galop
sur la croupe de notre mémoire


là-bas sous les arcs-en ciel psychédéliques
qui avait fini par vaincre ?
le Vautour déloyal
ou cette femme aurorale


ya kateb aktoub el mektoub
scripteur inscrit le destin


le reste n’est que sang nécessaire

Abdelmadjid KAOUAH



(Cercle-Taleb Abderrahmane, mai 1972)

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