mardi 18 mars 2008

LAMBEAUX DE MOTS



Le journalisme conduit à tout …Pour Patrice TEISSEIRE-DUFOUR, il mène immanquablement à la poésie. L’inverse serait peut-être plus pertinent.
Reste que pour compléter la formule, Hemingway spécifiait qu’on devait en sortir pour accoster sur des rivages plus fertiles. Pour l’heure P. TEISSEIRE-DUFOUR mélange, avec bonheur, divers domaines. Parfois de manière surprenante. Et c’est ainsi qu’il aligne des titres comme "Les crus de Banyuls et Collioure, de la nature du roc aux vins précieux", (1999), "La spéléologie catalane dans un siècle de spéléologie pyrénéenne" avec Henri Salvayre (Ed. Trabucaire, 2002), "Des hommes et le Roussillon" avec Jean Rifa (Ed. Trabucaire, 2004. Et bientôt « Corbières" avec des photos de Paul Palau (Ed. Objectif Sud).
C’est dire que l’homme a plus d’une matière propice au poète qu’il balade par monts et vaux, en mission professionnelle ou à l’invite d’une agreste muse. Cet arpenteur des Pyrénées, sensible à la haute clairvoyance poétique d’un René Char, affectionne la précision de Francis Ponge et l’ample verbe superviellien. De telles admirations imposent des obligations littéraires de bonne tenue. Notre poète, car c’est surtout lui que ces lignes introduisent avec brièveté, est convaincu que « les poètes sont venus sans faire de bruit ». Et « la main qui chante est toujours réfractaire ». A, notre sens, l’évidence poétique des textes de Patrice Teisseire-Dufour procèdent de ces deux exigences. Une tonalité toute en mesure arc-boutée à une tranquille insoumission intérieure aux minuscules comme aux grossiers faits accomplis de l’existence. Et dans le jaillissement de la parole « les lambeaux de mots sont des armes » miraculeuses - pour reprendre Césaire.

Abdelmadjid Kaouah

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