vendredi 14 mars 2008

SKARGARDEN

Skärgärden
suite suédoise





I



Dans la ville qui flotte
entre le parlement
et le château du roi
un prestidigitateur du dimanche
étonne les badauds suédois


dans la ville qui flotte
sous le ciel de la Baltique
fusent de l’Archipel viking
impavides mouettes
cormorans et albatros

d’île en île
une pluie d’écueils
les bateaux piaffent pareils à des chevaux
et de leurs naseaux s’échappent
les films mémoires de famille

à Järfälla les fraises sauvages
viennent à l’abri du Sud en sang
Beyrouth Baghdad
et tant de blessures
au nom de grenade
oriflammes ouvertes
au vent mauvais du Levant

il y a encore comme une flaque rouge
rue Sveavägen
et le fantôme du bel Olof prend chaque soir
son ticket de cinéma



pour le touriste pressé
le dilemme est entre un tour
à la Svenska Academien
ou une expédition à Ikéa

là-bas se dit ici chez Selmä « där »
maison dans la langue de ma mère







II

Mozart
est là au détour de Drottninggätan
La flûte enchantée d’un intermittent
accompagne de ses notes le ballet des oiseaux
au-dessus des arches des ponts
Le sorcier de cirque poursuit l’exorcisme
de l’ennui d’un dimanche après-midi









II




Le ciel s’est rempli de nuages
Comme un sablier renversé
Je parcours seul Djurgarden
face à Skansen

Les enfants s’amusent avec leur mère
à Gröna lund
Tivoli local


Sur le chemin s’égrènent en pancartes
paroles et vies
des poètes
Bo Bergman
Nils Ferlin
Helga Henschen
ruines runiques bruissant du fracas
des guerrières poètes


les mots nouveaux sont rugueux
Et rauques à l’image
-Gmala Stan étonne et fait sourire les enfants-
D’une nature encore sauve
les gorges frémissantes
les croupes élégantes
et rigueur calviniste
comme si la Baltique
restait indifférente à son écume








III


à Kungsträgarden
-le petit Versailles-
les fourmis dévorent la peau
et la nappe
le pique-nique fut homérique




IV


que restera-t-il du voyage de Suède
quelques souvenirs en forme de cormorans
j’ai cherché Bergman dans les rues de Stockholm
farandoles d’eau et franges vertes
plonger dans l’eau épaisse des lacs
Et au détour de n’importe quelle route
Une forêt grasse où l’on va presque nu




V




J’ai cherché Bergman dans les rues de Stockholm
Il était sur la pointe extrême de son île
Et la Suède demeure un charme imprescriptible
Le souvenir d’un futur liquide parcouru de frissons
à Järfälla les fraises sauvages ont le parfum mortifère de Baghdad

A la pointe extrême de l’Archipel
-posé comme une nappe hachurée -
Les dieux païens déjeunent
d’un soleil couchant au bord du lac Mälar





Abdelmadjid Kaouah









Järfällä 22/07/06 - 8/08/06

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