vendredi 14 mars 2008

ELOGE DE L'AUTRE 1

Des deux rives





Quelque part entre les hanches en transe
d’Elvis
Et les roucoulades nilotiques
d’Abdelhalim
Nous avons grandi
un improbable emblème
Entre les dents

Nous sommes de deux rives
De mille rivages
Des oursins nous avions dressés
Nos banquets solaires
Le printemps craquait sous nos lèvres
Comme une fève fraîche
Des femmes nous ne connaissions que la légende
leurs bouches brûlantes de souwak
Au sortir du bain
Nous guettions l’éclair d’une jambe
Sous le haïk coquin

Quelque part entre les hanches en transe
d’Elvis et les roucoulades nilotiques
d’Abdelhalim nous avons grandi
un improbable emblème entre les bras



Nous sommes de deux songes
De plaine et de montagne
De mer et de désert
De la ville et des Hauts-plateaux
D’écume et d’alfa
Dans notre ignorance de la géographie
Et notre destin bureaucratisé

Quelques livres nous tenaient lieu d’univers
Quelques brassées d’odyssée
Dans nos petits villages
Aux églises-mosquées





Nous étions gais
Autour de la meïda
ignorant les croissants au beurre
mais au dessert nous avions Hugo
et sous le manteau Baudelaire







Kateb Yacine était l’égal
d’un insigne footballeur
Nedjma était notre talisman







Nous étions de mille confluences
Dans l’uniformité de nos contradictoires espérances
Khouya frère était le mot de passe
Enfants nous nous le lancions à tue-tête
comme une balle ronde
Dans nos jeux sans stades
Avant l’ère des stériles slogans
- pour une vie meilleure-
Et la pénurie du savon


Nous sommes de deux rives
Nous sommes de deux mensonges utiles
De mille rivages en effervescence
de mille milliards de vagues d’écume
Calligrammes sur le sable des mémoires noueuses
Oriflammes de signes mêlés au cœur
d’un soleil noir




Abdelmadjid Kaouah






Christ maure
In memoriam Larbi de la Cité des Aubiers de Bordeaux


C’était un simple sourire
franc comme du froment
de l’ancien temps
sourire étincelant
pareil à un horizon
après l’averse

Le petit maure repose
dans une benne à ordure
Il a croisé son destin
dit-on en guise d’oraison


Pas de Noël
Pour Larbi
Simplement un cercueil plombé
Pour la rive sans jouets
Des mottes de terre jetées
A ciel ouvert sur un ange lacéré

Larbi a rencontré au détour des Aubiers
L’Ogre des contes ancestraux
Au royaume du petit maure
Le père Noël n’existe pas
Et ici pour rire
on le traite de salaud

Etait-ce l’Ogre nécrophage
Un faux père Noël
Le destin
Dans une benne à ordures
En la bonne ville de Bordeaux
Un enfant d’ici d’ailleurs
Un petit Rimbaud sans voix
surpris par l’enfer
Se décompose
entre gel et Noël

Christ fils de Marie- Meriem
Reconnais-le avec effroi
Le petit maure
S’est trompé de sourire
Comme toi avec Judas
Mais ceci est une autre histoire


Abdelmadjid Kaouah

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