Nay
entre le roseau et son maître
il y a les mains le souffle
la distance la violence retenue
de l’eau lustrale des défunts
dans la nuit ouverte
le roseau se fait kalam
traçant de larges entailles sanglantes
sur la chair retorse des lauriers-roses
spectres luminescents habités par les lucioles
le Nay se garde
et darde ses notes
stridences et litanies
son désespoir fondra
faucon de l’extrême âme
sur la première passante
la victime inaugurale de la noce
des roses de sable et d’équivoque
le maître s’entoure maintenant
d’une troupe de nains agiles
qui grimpe au mitan de la nuit
le festin déroule ses agapes
le roseau se fait kalam
oriflammes du levant aux pieds
du maître chien couché dans sa torpeur
la braise est prête et le talisman
n’y pourra rien
à la première passante les bardes
ouvrent la poitrine d’où s’envolent des songes de sel
et de jasmins croisés
sur des destriers domptés
par la fulgurance du kalam
commence alors le règne sans partage
du Nay"> > Extrait de "Habiter les remaprts"
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