Ikhlas/Final
Ont-ils assez ri de toi et de tant d’autres
les prescripteurs les proscripteurs
ceux qui tiennent la ligne droite
les tenanciers du slogan
agiles à grimer leur boursouflure
à fouler du talon le désarroi du prochain
ont-ils assez moqué le niais qui tient son cœur à sécher
au grand air des chemins sans repère
ont-ils assez recouvert de poixl
’écume légère de nos jeunesses
les chemins clairs et fousde la grande promesse
ils ont la clef du froid
la science de la pertinence marketing
la mémoire sinueuse des marchandages
II
et nous nous gardons un vieux secret
une fertile parole sans posologie
nous aimons toujours sans rireles hommes
et leurs chants opprimés comprimés largués sur une mer nuit
sans étoile entre deux frontièressur une pâle bouée
pour noyer le destincomme un chien enragé
est-ce la vague
est-ce cet increvable destin
qui s’esclaffe sous le ciel
la poésie est de cette terre
notre monde
notre pain quoridien
*
SUR TOUTE L'ETENDUE DE LA TERRE
C'est ici que nous nous sommes donnés rendez-vousdans le vaste bouillonnementdes foules désemparéessur toute l'étendue de la terreon se débarrasse du surpluson enterre sur l'autre versant du mensongefragile sentinelleaccablé de silencesentre l'oued et les rempartsun homme habite les remparts*que nous étions-nous promisune suite de stridencesune séance de morsuresun bonheur à toute épreuvequelques lambeaux de tendressepar saison divorcéeet par inadvertance nous voici réuniste voici à contre miroiréclats bris saccadeste voici réduit à l'épaisseur de tes insomnieste voici blessure sans miroirdéployé sur l'étendue de tes orgueils désaccordésmiroir sans désird'où s'égoutte le sangdes oiseaux désaxéssurpris par le simounIci l'eau a une fois pour toute résolu le vieux dilemme : entre l'écume et les galets une subtile connivence règne.Sereine la main accoste, libère ses exigences. Et les saisons succèdent aux saisonsAu rythme des peines nocturnes.Le vent ameute les vivants. Il leur impose devoirs et servitudes.Voici la murène alif violent qui procède de la passion des chevaliers enlisés dans les sables de la mémoire.Corps promis à la corruption des écritures malignesChair suspendue au mât de misaineNavire à l'encan et blasphème suprêmeLe soleil s'ouvre les veines par-dessus le jasmin dément
**
ULYSSE S'EST PERDU DANS LE METRO
Pas comptés d'Ulysse
Diadèmes mortifères
Les chrysanthèmes couronnent
Collioure
Poussières de destin jeté sur la voie Domitia
A son atelier Il malaxe la syntaxe avec des fureurs précolombiennes
Des lamentos républicains
Dans ses veines
Coule la source surhumaine
Où viennent s'abreuverLes passants sans valise
L'Autun gouverne sans partageIl reçoit la poésie
Et ses ambassadeurs apatrides
Sans lettres de créance
Seul le vent aux semelles
Comme dans une parodie rimbaldiennePonctue les distances
De la vallée de la Chevreuse -reconnue comme dans un songe
Un roman picaresque réécrit névrotiquement
Avec un avatar de Milady ouvrant son corps
Avec un avatar de Milady ouvrant son corps
Dans une forêt noire-Au royaume du sureau
Là où les frontières s'abolissent
Comme dans un songe de liberté
Et c'est peine perdue pour le tamponSur le passeport
TALISMAN
Quelques pas
Dans la décomposition des trottoirsUn alphabet d'allumettes qui se plaît
A éclairer la naissance d'une tumeur
Un talisman foudroyé
Les yeux du gel
Pour tout celaIl y a un remous qui plaide
Pour une goutte d'eauUn oiseau qui attise sa surdité
L'aube attestée répandue en baveLes images solides du jour
Qui se poussent pour mieux Jouir du mensongeLà-bas dans la forge des rancunes
Où les femmes agiles de notre enfance
Préparent le vieux bélier à la braiseLes étoiles chavirent dans la tragédie
Je suis le premier sous l'étendard de la vase partout la vase
le temps et les herbesenvahissent les sourcesau centre du champ l'arbre flamboyant
et la fontaine étonnéeoù grouillent les destinées
à la recherche de vertus de désirs de sacrifices
un peuple et un arc en ciel
(72-74)
[Extraits de Que pèse une vitre qu'on brise]
Abdelmadjid Kaouah
Argelia
عبد المجيد ك
الجزائر
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