mardi 18 mars 2008

NOTRE POEME QUOTIDIEN





Ikhlas/Final


Ont-ils assez ri de toi et de tant d’autres

les prescripteurs les proscripteurs

ceux qui tiennent la ligne droite

les tenanciers du slogan

agiles à grimer leur boursouflure

à fouler du talon le désarroi du prochain

ont-ils assez moqué le niais qui tient son cœur à sécher

au grand air des chemins sans repère

ont-ils assez recouvert de poixl

’écume légère de nos jeunesses

les chemins clairs et fousde la grande promesse

ils ont la clef du froid

la science de la pertinence marketing

la mémoire sinueuse des marchandages


II
et nous nous gardons un vieux secret

une fertile parole sans posologie

nous aimons toujours sans rireles hommes

et leurs chants opprimés comprimés largués sur une mer nuit

sans étoile entre deux frontièressur une pâle bouée

pour noyer le destincomme un chien enragé

est-ce la vague

est-ce cet increvable destin

qui s’esclaffe sous le ciel

la poésie est de cette terre

notre monde

notre pain quoridien



*



SUR TOUTE L'ETENDUE DE LA TERRE


C'est ici que nous nous sommes donnés rendez-vousdans le vaste bouillonnementdes foules désemparéessur toute l'étendue de la terreon se débarrasse du surpluson enterre sur l'autre versant du mensongefragile sentinelleaccablé de silencesentre l'oued et les rempartsun homme habite les remparts*que nous étions-nous promisune suite de stridencesune séance de morsuresun bonheur à toute épreuvequelques lambeaux de tendressepar saison divorcéeet par inadvertance nous voici réuniste voici à contre miroiréclats bris saccadeste voici réduit à l'épaisseur de tes insomnieste voici blessure sans miroirdéployé sur l'étendue de tes orgueils désaccordésmiroir sans désird'où s'égoutte le sangdes oiseaux désaxéssurpris par le simounIci l'eau a une fois pour toute résolu le vieux dilemme : entre l'écume et les galets une subtile connivence règne.Sereine la main accoste, libère ses exigences. Et les saisons succèdent aux saisonsAu rythme des peines nocturnes.Le vent ameute les vivants. Il leur impose devoirs et servitudes.Voici la murène alif violent qui procède de la passion des chevaliers enlisés dans les sables de la mémoire.Corps promis à la corruption des écritures malignesChair suspendue au mât de misaineNavire à l'encan et blasphème suprêmeLe soleil s'ouvre les veines par-dessus le jasmin dément


**



ULYSSE S'EST PERDU DANS LE METRO


Pas comptés d'Ulysse

Diadèmes mortifères

Les chrysanthèmes couronnent

Collioure

Poussières de destin jeté sur la voie Domitia

A son atelier Il malaxe la syntaxe avec des fureurs précolombiennes

Des lamentos républicains

Dans ses veines

Coule la source surhumaine

Où viennent s'abreuverLes passants sans valise

L'Autun gouverne sans partageIl reçoit la poésie

Et ses ambassadeurs apatrides

Sans lettres de créance

Seul le vent aux semelles

Comme dans une parodie rimbaldiennePonctue les distances

De la vallée de la Chevreuse -reconnue comme dans un songe

Un roman picaresque réécrit névrotiquement
Avec un avatar de Milady ouvrant son corps

Dans une forêt noire-Au royaume du sureau

Là où les frontières s'abolissent

Comme dans un songe de liberté

Et c'est peine perdue pour le tamponSur le passeport


TALISMAN


Quelques pas

Dans la décomposition des trottoirsUn alphabet d'allumettes qui se plaît

A éclairer la naissance d'une tumeur

Un talisman foudroyé

Les yeux du gel

Pour tout celaIl y a un remous qui plaide

Pour une goutte d'eauUn oiseau qui attise sa surdité

L'aube attestée répandue en baveLes images solides du jour

Qui se poussent pour mieux Jouir du mensongeLà-bas dans la forge des rancunes

Où les femmes agiles de notre enfance

Préparent le vieux bélier à la braiseLes étoiles chavirent dans la tragédie

Je suis le premier sous l'étendard de la vase partout la vase

le temps et les herbesenvahissent les sourcesau centre du champ l'arbre flamboyant

et la fontaine étonnéeoù grouillent les destinées

à la recherche de vertus de désirs de sacrifices

un peuple et un arc en ciel


(72-74)



[Extraits de Que pèse une vitre qu'on brise]



Abdelmadjid Kaouah

Argelia

عبد المجيد ك





الجزائر





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