lundi 31 mars 2008

LES AFFINITES ELECTIVES





Hommage à l’homme des hommages




Mister Heurtebise
Tantôt fait la bise aux mots
Tantôt les aiguise
A peine un peu de sel
pour une épithète
Usée par l’usage
un cou de vin blanc
à l’adverbe somnolent
et le ramage d’un vers
s’étoile au vent d’autan
Et c’est un grand voyageur
Devant l’Eternel de la poésie
Dans les savanes sèches
Il prend garde à ce que les
Phrases lâchées en meute
Ne mettent le feu
A la mauvaise page
Il prend la mer des aphorismes
En nageur placide
face à la houle zélée des pronoms
il préfère la position du papillon
il accompagne d’un crawl
la vague qui s étale dans l’infinitif
pour les modes
il a ses raisons
une par saison
comme un arbre
donnant un fruit

Mister Heurtebise
se méfie de la mélancolie des mots
Il préfère les entendre bruire et rire d’un éclat
rire comme des jeunes filles au bal
C’est qu’il a rencontrés tant de lecteurs malheureux
et sait de source sûre le monde
se fait suffisamment de mal
pour que le poème en rajoute
Mister Heurtebise jette sa gourme
sur les mots qui frétillent et t fustigent
Avec le sourire comme son maître
Jean Baptiste Poquelin quand il fait
Son Molière en compagnie de Plume

Mais mister Heurtebise pour l'heure est triste
Et les mots lui pèsent ces temps-ci
Son ami de longue mémoire
René Gouzenne l’athlète des textes
s’en est allé boire aux plus lointaines
aux plus hautes sources du Poème
Alors mister Heurtebise
est comme fâché avec certains mots
plus qu’avec d’autres
Pourquoi la mort
une rime si peu riche
que d’emblée en écho
elle se répond en tort
et tord d'u rictus
la face impavide du poème.



Abdelmadjid Kaouah



Cugnaux, ce 1er avril 2008

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